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qui accompagnent celui d’où le harpon est lancé attendent que la baleine remonte, et la pressent à coups de lances. Ce moment est toujours le plus dangereux ; car le canot qui a lancé le harpon, quoique entraîné par la baleine, s’en trouve ordinairement fort éloigné ; au lieu que les autres, qui viennent la frapper de leurs lances, sont comme sur elle, ou du moins à ses côtés, et ne peuvent guère éviter d’en recevoir des coups très-rudes, suivant la violence de ses mouvemens. Sa queue et ses nageoires battent si furieusement l’eau, qu’elles la font sauter et retomber comme en poussière. Ce choc peut briser un canot ; mais on a déjà remarqué que les grands vaisseaux n’en reçoivent aucun dommage, et qu’au contraire l’animal en souffre beaucoup : il en saigne si fort, qu’il achève de perdre ses forces, et le vaisseau demeure tout rouge de son sang.

Les lances sont composées d’une hampe d’environ dix pieds de longueur, et d’un fer pointu, long de cinq pieds, qui doit être médiocrement trempé, afin qu’il puisse plier sans se rompre. Après avoir enfoncé la lance, on la remue de divers côtés pour élargir la blessure. Il arrive quelquefois que les lances de trois ou quatre canots demeurent enfoncées dans le corps d’une baleine.

Aussitôt que l’animal est mort on lui coupe la queue, parce qu’étant transversale elle retarderait la marche des canots. Quelques pêcheurs allemands gardent la queue et les na-