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pon en est plus ferme, et l’on ne craint pas qu’il se détache.

Les baleines blessées rejettent l’eau de toutes leurs forces : on les entend d’aussi loin que le bruit du gros canon ; mais lorsqu’elles ont perdu tout leur sang ou qu’elles sont tout-à-fait lasses, elles ne rejettent l’eau que faiblement et comme par gouttes. Leur bruit ne ressemble plus qu’à celui d’un flacon vide qu’on tiendrait sous l’eau pour le remplir : ce changement prouve qu’elles vont mourir. Quelques-unes, après avoir été blessées, font rejaillir leur sang jusqu’à la mort, en couvrent les chaloupes et les pêcheurs, et rougissent la mer dans un vaste espace. Celles qui sont blessées mortellement s’échauffent par leur agitation jusqu’à se couvrir d’une sorte de sueur qui attire les oiseaux de mer : ils viennent les béqueter pendant qu’elles vivent encore. Avec l’eau qu’elles font rejaillir par leurs naseaux elles jettent aussi une espèce de graisse qui nage sur l’eau, et que les mallemuckes avalent fort avidement.

S’il arrive qu’un harpon se brise ou se détache, les pêcheurs d’un autre vaisseau qui s’en aperçoivent ne manquent point de lancer leur propre harpon ; et s’ils frappent la baleine, elle leur appartient. Quelquefois une baleine est frappée en même temps de deux harpons, lancés par deux vaisseaux différens. Alors les deux vaisseaux y ont un droit égal, et chacun en obtient la moitié. Tous les canots