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grosses et plus fortes que celle qui tient au fer du harpon : elles sont d’un chanvre bien goudronné. Le pêcheur dont on vient de désigner l’emploi, et tous ses compagnons, doivent prendre un soin extrême qu’au moment où la baleine s’enfonce, leur grande corde ne se mêle, ou n’avance trop d’un côté ; sans cette attention, le canot chavirerait infailliblement. La corde doit filer directement par le milieu du canot, et le harponneur mouille sans cesse avec une éponge le bord qu’elle touche en passant, dans la crainte qu’un mouvement si rapide n’y mette le feu. Les autres y ont aussi l’œil, tandis qu’un matelot expérimenté, qui est sur l’arrière pour gouverner le canot avec son aviron, observe de quel côté la corde file, et se règle sur son mouvement ; car on croit pouvoir assurer sans exagération que le canot va plus vite que le vent.

On tâche de frapper la baleine à l’oreille, au dos, ou aux parties génitales : on s’efforce aussi de la percer avec des lances pour lui faire perdre plus de sang. La tête est l’endroit où le harpon à le moins de prise, parce que les os y sont fort durs, et qu’il y a peu de graisse. On juge même que l’animal se connaît cette propriété ; car, lorsqu’il se voit en danger, et qu’il ne peut se garantir du harpon, il y expose la tête plus ordinairement que le dos. Le fer du harpon a la forme d’une flèche par le bout, avec deux tranchans. L’extrémité qui est le plus près du manche est épaisse comme le dos d’un