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harponneur, qui est sur l’avant, se lève et lance le harpon qu’il a devant lui. Le monstre n’est pas plus tôt frappé, que, voulant aller à fond, il tire la corde avec tant de force, que l’avant du canot se trouve au niveau des flots, et qu’il l’entraînerait même au fond, si l’on n’avait une extrême attention à filer continuellement la corde. La méthode pour lancer le harpon est de tenir la pointe du fer vers la main gauche avec la première des deux cordes auxquelles il est attaché. Cette corde a six ou sept brasses de long ; son épaisseur est d’un pouce. On a pris soin de la disposer en rouleau lâche, afin qu’elle ne retienne pas le harpon lorsqu’on le lance ; elle doit être plus souple que l’autre corde qui la retient, et qui est à l’autre bout du harpon, pour suivre le poisson dans sa fuite : aussi la fait-on du chanvre le plus doux et le plus fin, sans la goudronner. Le harponneur lance son instrument de la main droite. Lorsque la baleine est frappée, tous les canots virent de bord. On porte les yeux en avant, et l’se hâte de placer les avirons de chaque côté des canots. Un d’entre eux a, pour unique fonction, le soin de veiller sur la grande corde. Chaque canot est fourni d’un monceau de cordes, divisé en quatre ou cinq rouleaux, dont chacun en contient depuis quatre-vingts jusqu’à cent brasses. Le premier tient à la corde du harpon. À mesure que la baleine s’enfonce, on lâche plus de corde ; et si le canot n’en a point assez, on prend celles des autres. Ces cordes sont plus