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seur. Quelquefois deux de ces animaux se joignent contre une baleine. Comme elle n’a, pour arme offensive et défensive, que sa queue, elle plonge la tête, et lorsqu’elle peut frapper son ennemi, elle l’assomme du coup ; mais il est fort adroit à l’esquiver, et, fondant sur elle, il lui enfonce son arme dans le dos. Souvent il ne la perce point jusqu’au fond du lard, et la blessure est légère. Chaque fois qu’il s’élance pour la frapper, elle plonge ; mais il la poursuit dans l’eau, et l’oblige de reparaître ; alors le combat recommence et dure jusqu’à ce qu’il la perde de vue. Elle bat toujours en retraite, et nage mieux que lui à fleur d’eau. Les baleines qui ont été tuées par des scies sentent si mauvais, que l’odeur s’en répand fort loin.

Lorsqu’on voit une grande abondance de bielougas, on peut compter, dit Martens, que l’année sera bonne pour la pêche des baleines ; mais on ne doit pas espérer d’en trouver beaucoup dans les parages où les phoques sont en grand nombre, parce que, ces derniers animaux mangeant tout ce qui sert de nourriture aux baleines, elles cherchent des retraites mieux pourvues de vivres.

Aussitôt qu’on aperçoit une baleine, ou qu’on l’entend souffler ou rejeter l’eau, on crie d’abord fall, fall, c’est-à-dire, en bas ! en bas ! et tous les pêcheurs se jettent dans leurs canots. Chaque canot contient ordinairement six hommes, et quelquefois sept, suivant sa grandeur. Ils s’approchent de la baleine à force de rames. Le