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qu’il aperçoit un homme ou une chaloupe, il se cache sous l’eau pour prendre la fuite. On ne connaît même aucun exemple d’une baleine qui ait fait volontairement du mal aux hommes, c’est-à-dire, sans y être comme forcée par son propre danger ; mais alors les hommes ou les chaloupes ne lui causent pas plus d’embarras qu’un grain de sable ; elle les fait sauter en mille pièces. Toute la force d’une infinité d’autres poissons, pris ensemble ou séparément, qui donnent tant de peine à les tirer au rivage, n’approche point de celle d’une baleine. Elle fait quelquefois filer des milliers de brasses de corde ; et, nageant avec plus de vitesse qu’un oiseau ne vole, elle étourdit ceux qui la poursuivent. Cependant on a toujours observé qu’elle ne peut nuire aux grands vaisseaux ; lorsqu’elle leur donne un coup de sa queue, elle se fait plus de mal qu’au bâtiment.

C’est une expérience constante qu’au printemps les baleines du Spitzberg se retirent vers l’ouest, près du vieux Groënland et de l’île Mayen, et qu’ensuite elles retournent à l’est du Spitzberg. Après elles, vient en grand nombre cette autre espèce de monstres marins que les Allemands nomment finne-fischen ; c’est le baleinoptère gibbar. On cesse alors de voir des baleines ; elles nagent contre le vent, comme tous les gros poissons. Leur plus mortel ennemi est le poisson à scie, nommé à tort l’espadon ou l’épée. Jamais ils ne se rencontrent sans combat, et c’est la scie qui est toujours l’agres-