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plus de graisse que d’autres. C’est dans les petits nerfs qui s’y trouvent mêlés que l’huile se rassemble. On l’exprime comme l’eau d’une éponge.

La queue d’une baleine lui servant de gouvernail pour se tourner, et ses nageoires d’avirons, son mouvement ne diffère pas de celui d’une barque : elle nage avec autant de vitesse qu’un oiseau vole, en laissant après elle un vaste sillon comme les vaisseaux qui sont à la voile, Les baleines du Cap-Nord, auxquelles on donne ce nom, parce qu’elles se prennent entre le Spitzberg et la Norwège, ne sont pas si grosses, et rendent moins de graisse que celles du Spitzberg : elles n’en donnent ordinairement que depuis dix jusqu’à trente barils, au lieu que celles du Spitzberg en rendent jusqu’à quatre-vingt-dix. Il n’est pas rare, au Spitzberg, de prendre des baleines de cinquante ou soixante pieds de long. Martens en vit prendre une de cinquante-trois pieds, dont la graisse remplit soixante-dix barils ; sa queue avait trois brasses et demie de largeur. Un autre navire tira d’une baleine morte, que le hasard lui avait fait rencontrer, cent trente barils de graisse. Ces animaux ont une mesure de longueur qu’ils ne passent point, et Martens fait entendre que, pour les plus grands, c’est environ soixante pieds : mais leur épaisseur n’est pas si bornée ; de sorte qu’une baleine peut être à la fois moins longue et plus grosse qu’une autre.