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sonne n’ignore aujourd’hui que le gau, nom que les pêcheurs donnent à l’estomac de la morue, se retourne comme une poche, et qu’en le retournant, ce poisson se décharge de tout ce qui l’incommode.

Ce qu’on nomme cabeliau en Hollande est une morue assez commune dans la Manche, et qui ne diffère des morues de l’Amérique que parce qu’elle est moins grande. On se contente de saler celle du grand banc ; et c’est ce qu’on appelle morue blanche, ou, plus communément, morue verte. La merluche, qui n’est autre chose que la morue sèche, ne peut se faire que sur les côtes, et demande non-seulement de grands soins, mais beaucoup d’expérience. Denis assure que de son temps tous ceux qui faisaient ce commerce en Acadie s’y ruinaient, non que la morue n’y soit fort abondante, mais parce que cette pêche ne se faisant que depuis le commencement de mai jusqu’à la fin d’août, ils ne comprenaient pas qu’elle devait être sédentaire ; sans quoi les frais nécessaires pour l’entretien des matelots venus de France, qu’on employait à faire la merluche, étaient si longs, qu’ils absorbaient tous les profits. Au contraire, des pêcheurs établis dans le pays, qu’on aurait employés le reste du temps à scier des planches et à couper des bois, auraient été d’un double avantage pour leurs maîtres.

Le fletan est une espèce de grande plie, dont on juge que ce que nous nommons flet est le