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donne quelque ressemblance avec une gouttière, et sert à l’enchâssement des fanons qui se joignent les uns aux autres, comme les écailles d’une écrevisse ou les tuiles d’un toit ; ce qui empêche que les lèvres inférieures n’en soient blessées. On fait divers usages des fanons de baleine ; mais le poil n’étant point employé, Martens juge qu’il pourrait être préparé, comme le lin ou le chanvre, pour en fabriquer de grosses toiles, des cordages et d’autres objets de cette nature. Il n’est pas facile de couper les fanons de baleine ; on y emploie divers instrumens de fer.

La partie inférieure de la gueule est ordinairement blanche. La langue est entre les fanons, attachée à la mâchoire d’en bas : elle est blanche comme tout ce qui la soutient, mais bordée de taches noires. C’est une masse de graisse molle et spongieuse, qu’on a beaucoup de peine à découper. Cette raison la fait jeter ordinairement dans les flots, quoiqu’on en pût tirer cinq ou six barils d’huile ; et c’est la proie du poisson à scie, qui la cherche fort avidement.

Sur la tête de la baleine, devant les yeux et les nageoires, s’élève une bosse qui a deux trous, un de chaque côté, et l’un vis-à-vis de l’autre, courbés en deux en manière d’S. C’est par ces deux ouvertures nommées évents, que l’animal rejette l’eau avec beaucoup de force. Le bruit de ce mouvement, qui se fait entendre d’une lieue, ressemble à celui du vent lorsqu’il