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la même expérience, juge que c’est par ce trou que la baleine prend l’eau qu’elle rejette.

Le fanon est garni partout de longs poils, assez semblables aux crins du cheval, qui, pendant des deux côtés, entourent toute la langue. On voit des baleines qui ont le fanon un peu courbé en forme de cimeterre, et d’autres qui font en demi-croissant. Les plus petits fanons sont sur le devant de la gueule. Ceux du milieu sont les plus gros et les plus longs ; ils ont quelquefois la longueur de deux ou trois hommes. La gueule est garnie de chaque côté d’une rangée de deux cent cinquante fanons, ce qui fait cinq cents, sans en compter de plus petits qu’on ne tire point, parce que, l’endroit où les deux lèvres se joignent étant fort étroit, il serait trop difficile de les en arracher. Chaque rangée de fanons est un peu courbe en dedans, et prend, vers les lèvres, la figure d’une demi-lune. Le fanon est large dans l’endroit où il tient à la mâchoire, et garni de nerfs durs et blancs vers la racine ; on peut mettre la main entre deux fanons. Les nerfs blancs peuvent se manger dans leur fraîcheur ; ils ne sont pas coriaces, et se rompent facilement ; mais en vieillissant ils prennent une fort mauvaise odeur. Dans les parties les plus larges du fanon, qui sont vers la racine, il croît d’autres petits fanons, comme on voit de petits et de grands arbres entremêlés dans une forêt. Le fanon se rétrécit en pointe vers son extrémité inférieure : une cavité qui règne en dehors lui