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vait ici le premier rang ; mais il a paru plus naturel de commencer par les plus nombreuses espèces ; et c’est Martens qu’on suit encore, parce que, joignant à sa qualité de voyageur et de naturaliste l’avantage d’avoir navigué sur un navire pêcheur, ses observations ont le double mérite d’une sage spéculation et d’une longue expérience.

Il les borne, dit-il, à l’espèce de baleines auxquelles ce nom convient proprement, à celles qui sont le principal motif des voyages qu’on fait aux mers glacées, quoique dans plusieurs relations on trouve d’autres animaux marins confondus sous le même nom.

La baleine est un animal aquatique de monstrueuse grandeur, dont la forme générale représente une forme de cordonnier renversée : elle n’a que deux nageoires placées derrières les yeux et d’une grandeur proportionnée à son corps, couverte d’une peau épaisse, noire et marbrée de raies blanches. Cette marbrure ressemble aux veines du bois ; et ses raies sont croisées par d’autres veines d’un blanc jaunâtre, mélange qui donne un aspect agréable à la baleine. Après avoir coupé les nageoires, on trouve, au-dessous de la peau, des os qui ressemblent à une main d’homme ouverte, dont les doigts sont étendus. Les intervalles de ces jointures offrent des nerfs très-raides, qui rebondissent lorsqu’on les jette à terre avec force. On en peut couper des morceaux de la grosseur d’une tête d’homme ; et leur ressort se