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morts ; leur ardeur est égale à défendre leur propre vie et celle des animaux de leur espèce. S’ils en voient un blessé, ils vont droit à la chaloupe sans s’effrayer des coups et du bruit : les uns plongent ; et de leurs défenses ils y font quelquefois de grands trous ; d’autres l’attaquent ouvertement, la moitié du corps hors de l’eau, et s’efforcent de la renverser. Dans ces occasions, les pêcheurs n’ont pas d’autre ressource que la fuite. L’unique méthode, lorsqu’on a lancé le harpon sur un morse, est de le laisser nager jusqu’à ce qu’il soit affaibli par la perte de son sang : on retire alors la corde qu’on a filée. L’animal, amené insensiblement près de la chaloupe, s’agite et fait plusieurs bonds ; mais quelques coups de lance l’achèvent bientôt. On saisit, pour le darder, le temps où il se précipite d’un glaçon dans la mer, autant pour dérober la vue de sa blessure aux autres que pour lui percer plus facilement la peau, qui est alors plus tendue et plus unie ; au lieu que, dans son sommeil ou son repos, elle est si lâche et si ridée, que le harpon ne fait ordinairement que l’effleurer. Cet instrument doit être du fer le meilleur et le mieux trempé. Les harpons qui servent à la pêche des baleines sont trop faibles pour la peau du morse. Le fer, comme celui des lances, est d’un pan et demi de longueur et d’un pouce d’épaisseur.

En réglant l’ordre des animaux du Spitzberg par leur grosseur, c’était à la baleine qu’on de-