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Leur langue a la grosseur de celle du bœuf : elle ne fait pas un mauvais aliment dans sa fraîcheur ; mais deux ou trois jours suffisent pour lui faire prendre un goût rance et huileux. Ces animaux ont le cou d’une épaisseur qui ne leur permet guère de tourner la tête ; ce qui, les obligeant de tourner beaucoup les yeux, leur donne l’air encore plus farouche ; ils ont la queue courte comme celle du phoque.

On a déjà remarqué qu’il est très-difficile d’enlever leur graisse, parce qu’elle est entremêlée avec la chair comme celle du pourceau. Le foie et le cœur se mangent, et font même un fort bon mets pour les matelots, qui n’en ont pas beaucoup d’autres à choisir. La partie génitale est un os dur, d’environ deux pieds de long, qui diminue en grosseur vers le bout, et qui est un peu courbé vers le milieu, plat vers le ventre, rond dans tout le reste de la longueur, et couvert de nerfs. On croit que les morses vivent d’herbe et de poisson : d’herbe, parce que leur fiente ressemble à celle du cheval terrestre ; de poisson, parce qu’en dépeçant une baleine, on aperçoit ordinairement quelques morses qui en tirent sous l’eau différentes pièces. On voit sur les glaçons du Spitzberg un grand nombre de ces animaux qui font retentir l’air de leurs mugissemens. S’ils se jettent dans l’eau, c’est la tête la première, comme les phoques : ils dorment et ronflent non-seulement sur la glace, mais dans l’eau même, où quelquefois on les croirait