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choire supérieure offre deux grandes dents, qui leur descendent au-dessous des babines inférieures, et qui ont, dans quelques-uns, plus de deux pieds de long : les jeunes n’ont pas cette espèce de défenses ; mais elles leur viennent avec l’âge. Quoiqu’il paraisse certain que tous les vieux en sont naturellement munis, il s’en trouve qui n’en ont qu’une seule ; et l’on juge qu’ils ont perdu l’autre en vieillissant ou dans leurs combats. Ces deux dents sont fort blanches, solides et pesantes ; mais la racine en est creuse. On en fait des manches de couteaux, des boîtes et d’autres bijoux qui ont été long-temps plus estimés et plus chers que l’ivoire. Des autres dents les habitans de Jutland font des boutons assez propres pour leurs habits. Les morses ont l’ouverture de la gueule aussi large que celle d’un bœuf ; et sur les babines, comme au-dessous, plusieurs soies creuses de la grosseur d’un fétu de paille. Il n’y a point de matelot qui ne se fasse une bague de ces soies, dans l’opinion qu’elles garantissent de la crampe. Au-dessus de la barbe d’en haut, les morses ont deux ouvertures ou deux naseaux en demi-cercle, par lesquels ils jettent l’eau comme les baleines, mais avec bien moins de bruit. Leurs yeux sont assez élevés au-dessus du nez et bordés de sourcils : ils ont la rougeur du sang, et se fixent d’un air affreux sur ce qu’ils regardent. Leurs oreilles sont un peu plus élevées que leurs yeux, sans en être fort éloignées, et ressemblent à celles des phoques.