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pêche pas même de conserver un goût d’huile qui soulève l’estomac. Ces animaux sont si furieux lorsqu’ils veulent s’accoupler, qu’il est dangereux de s’en approcher sur les glaçons. On s’efforce alors de les tuer sans sortir des chaloupes : mais ils ne meurent pas facilement, quoique mortellement blessés. Écorchés même, ils vivent encore, et les agitations avec lesquelles ils se roulent dans leur sang forment un spectacle affreux. Les coups qu’on leur donne sur la tête et le museau ne leur ôtent pas l’envie de mordre ; ils saisissent ce qu’on leur présente avec autant de force que s’ils n’avaient point été blessés. Enfin on est obligé de leur enfoncer une demi-pique au travers du cœur et du foie, d’où cette nouvelle blessure fait encore sortir beaucoup de sang. »

Le morse, suivant les observations du même voyageur, ressemble au phoque par la forme du corps, mais il est beaucoup plus gros. Sa grosseur commune est celle d’un bœuf : sa tête est aussi plus grosse, plus ronde et plus dure. Il a les pates du phoque, c’est-à-dire, cinq doigts ou cinq griffes à chacune ; mais les ongles en sont plus courts. Sa peau n’a pas moins d’un pouce d’épaisseur, surtout autour du cou : les uns l’ont couverte d’un poil couleur de souris ; les autres d’un poil rouge ou gris ; et d’autres en ont fort peu. Ils sont ordinairement pleins de gale et d’écorchures, qu’ils se font vraisemblablement à force de se gratter. Autour des jointures ils ont la peau fort ridée. Leur mâ-