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de l’instrument on leur donne sur le museau des coups qui les étourdissent ; mais pour peu qu’on tarde à les achever, ils se relèvent, et quelques-uns se défendent en mordant, ou courent même vers leur ennemi. La plupart se jettent dans l’eau, et laissent après eux une fiente jaune fort puante, qu’ils paraissent lancer contre ceux qui les poursuivent ; d’ailleurs ils ont naturellement une odeur fort infecte. Pendant qu’on fait la guerre à ceux qui sont encore sur la glace, les autres demeurent à demi-corps hors de l’eau, et semblent considérer ce qui se passe. Lorsqu’ils veulent plonger, ils allongent le cou et lèvent le museau. Pour sauter de la glace dans l’eau, ils se jettent la tête la première. Leurs petits sont autour d’eux ; ceux qu’on prend quelquefois en vie miaulent comme les chats, ne veulent rien manger, et se jettent sur l’homme qui veut les toucher.

» Les plus grands phoques que j’aie vus, continue Martens, avaient huit pieds de long : mais leur longueur ordinaire est entre cinq et huit pieds. D’un seul des plus grands nous tirâmes un demi-baril de graisse. Elle a trois ou quatre pouces d’épaisseur entre cuir et chair et se sépare comme l’on tire une peau. La chair est tout-à-fait noire : ils ont une extrême quantité de sang ; leur foie, leur poumon et leur cœur sont fort gros, et peuvent se manger ; mais c’est après les avoir lavés long-temps pour en ôter l’odeur forte, et les avoir fait bouillir avec divers assaisonnemens ; ce qui ne les em-