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La tempête ne les étonne point. Ils n’aiment point à plonger ; mais lorsqu’ils veulent se rafraîchir ou se laver, ils se tiennent sur l’eau, une aile croisée sur l’autre. Avant de s’élever en l’air, ils font plusieurs tours en rond, comme s’ils voulaient prendre leur essor ; et lorsqu’ils sont sur le tillac d’un vaisseau, ils ne peuvent s’envoler, s’ils ne trouvent quelque pente qui les aide. Ils ont beaucoup de peine à marcher, et ne le font même qu’en chancelant. C’est faiblesse apparemment plutôt que pesanteur, car il n’y a point d’oiseaux qui aient moins de chair ; aussi n’ont-ils que la poitrine qu’on puisse manger, après les avoir suspendus pendant deux ou trois jours, et les avoir fait tremper dans de l’eau douce, pour leur ôter une puanteur qui révolte. Ceux qu’on voit assez communément dans les autres mers du nord sont différens des mallemuckes du Spitzberg.

Martens vit aussi d’autres oiseaux qu’il ne put dessiner ; ce sont les rotgaenses ou bernaches (anas bernicla), et les jean-de-gand.

L’oiseau qu’on nomme jean-de-gand, sans que l’origine de ce nom soit connue, est le fou-de-bassan (pelicanus bassanus). Il est au moins aussi gros qu’une cigogne, et lui ressemble par la figure. Ses plumes sont blanches et noires ; mais il a les pieds fort larges : il vole seul, et fend l’air presque sans remuer les ailes. Des qu’il approche des grandes glaces, il retourne. C’est un oiseau de proie des plus remarquables par l’extrême vivacité de sa vue. Il