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On a déjà rapporté l’étrange inclination du strunt-iager (stercorarius crepidatus), labbe stercoraire, à laquelle il doit son nom. Cet oiseau, qui est de la grosseur d’une mouette, a le bec un peu émoussé, crochu, épais et de couleur noire. Il n’a que trois doigts liés par une peau. Ses jambes sont courtes ; sa queue forme un éventail, mais comme divisé par une plume qui avance beaucoup plus que les autres. Il a le dessus de la tête noir et les yeux de même couleur, un cercle jaunâtre autour du cou, les ailes et le dos de couleur brune, et le ventre blanc. Le kutge-ghef, qu’il suit constamment, n’en paraît pas effrayé. Ils volent tous deux fort rapidement ; et lorsque le strunt-iager désire la fiente de l’autre, il le presse plus vivement, jusqu’à le faire crier de peur, et c’est alors que le kutge-ghef lui lâche sa nourriture. On voit rarement deux ou trois strunt-iagers ensemble ; leur cri exprime ces lettres I IA ; et lorsqu’ils sont à quelque distance, il en résulte le nom de iohan.

De tous les oiseaux qui n’ont pas le pied divisé, et qui ont trois doigts, on n’en connaît point, qui ait le bec aussi singulier que le perroquet plongeur (alca arctica), macareu : il l’a fort large, aussi élevé que le front à sa base, très-robuste et comprimé latéralement ; de sorte qu’il ressemble à deux lames de couteau très-courtes, appliquées l’une contre l’autre. Étant réunies, elles sont presque aussi hautes que longues, et forment un triangle à peu près iso-