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lever de gros morceaux de leur graisse. Il niche dans les plus hautes fentes des rochers, où les balles de fusil ne peuvent atteindre. Il a le vol de la cigogne, et son cri tire sur celui du corbeau. Les mallemucks, autres oiseaux de mer, ont tant de respect pour le bourguemestre, que, lorsqu’ils le voient approcher d’eux, ils se couchent devant lui et se laissent mordre. On doute néanmoins qu’il puisse leur faire grand mal, parce qu’ils ont la peau fort dure ; sans quoi, dit Martens, ils se défendraient sans doute, ou s’envoleraient ; au lieu que, malgré les mauvais traitemens du bourguemestre, ils ne quittent la place que lorsqu’il s’est éloigné.

Le rotges (alca alle), pingouin, a le bec crochu, court, épais et noir, trois doigts aux pates et trois ongles de couleur, liés par une peau qui n’est pas plus blanche. Son nom lui vient de son cri ; on l’entend répéter d’une voix claire, rott et tet, tet, tet, tet, d’abord très-haut, puis en baissant peu à peu. Il est presque noir par tout le corps, à l’exception du ventre, qu’il a d’une grande blancheur. Sa forme n’est pas non plus celle de l’oie, et il vole de même. Son plumage ne se mouille pas plus que celui du cygne, et ressemble à du poil sur une peau épaisse. Sa queue est courte, et c’est la seule ressemblance qu’il ait avec l’oie, si l’on ne veut lui en trouver une autre par le cri. Sa chair est de bon goût ; mais avant de la rôtir, il faut la faire bouillir à l’eau.