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À l’égard des poissons, dans les parties du fleuve Saint-Laurent où l’eau est salée on trouve toutes les espèces qui vivent dans l’Océan. Le saumon, le thon, l’alose, la truite, la lamproie, l’éperlan, le congre, le maquereau, la sole, le hareng, l’anchois, la sardine, le turbot, et quantité d’autres, s’y prennent en abondance, à la seine et aux filets. Dans le golfe, on pêche des flétans, trois sortes de raies, des lencornets, des goberges, espèce de morues, des plies, des requins et des chiens de mer, qui sont une autre espèce de requins. Le lencornet est d’un fort bon goût ; mais il rend la sauce toute noire. L’esturgeon remonte très-haut dans le fleuve Saint-Laurent.

Les huîtres sont en abondance pendant l’hiver sur toutes les côtes de l’Acadie ; et la manière de les y prendre est fort singulière : on fait à la glace un trou dans lequel on enfonce deux perches liées en forme de tenailles, dont elles ont aussi le jeu, et rarement on les retire sans quelques huîtres. Enfin, dans plusieurs endroits, surtout vers l’Acadie, les étangs sont remplis de truites saumonées, longues d’un pied, et de tortues de deux pieds de diamètre, dont la chair est excellente, et l’écaille supérieure rayée de blanc, de rouge et de bleu.

Tous les voyageurs parlent d’un poisson des lacs qu’ils nomment poisson blanc, et dont ils vantent beaucoup la délicatesse. La Hontan le met au-dessus de toutes les espèces connues, et prétend que, pour être mangé dans sa per-