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Il doit paraître assez surprenant qu’un terrain tel qu’on représente celui du Spitzberg porte de belles plantes que la nature y conduit presque tout d’un coup à leur perfection. À peine y voit-on quelque verdure au mois de juin ; et, dans le cours de juillet, la plupart des herbes y sont en fleur ; il s’en trouve même dont la semence a déjà toute sa maturité.

Martens a décrit et dessiné ces plantes avec assez d’exactitude pour qu’on les reconnaisse sans peine. Il en est une dont il vante la beauté ; ses feuilles sont charnues, dentées, d’un vert sombre comme celle de l’aloès. Sa tige est nue, de couleur brune, longue d’un demi-doigt, garnie de petites fleurs couleur de chair, réunies en rosettes tellement rapprochées les unes des autres, qu’on a peine à les distinguer. Cette plante pousse quelquefois deux tiges, l’une plus grande que l’autre, mais chargées toutes deux d’une rosette de fleurs. Sa racine est composée de plusieurs petites fibres. Elle croît dans les eaux courantes, et son nom dans Martens est la plante aux feuilles d’aloès. C’est la saxifrage étoilée que l’on rencontre en France sur les bords des ruisseaux des Alpes, des Pyrénées et du Mont-d’Or.

Martens trouva dans la baie des Danois, le 18 juillet, une plante qu’il nomma la petite joubarbe à boutons écaillés : ses feuilles sont dentelées, et ressemblent fort à celles de la marguerite, excepté quelles sont plus épaisses et plus juteuses, comme celles de la joubarbe ;