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le milieu ; qu’au-dessus de ces nuages la neige est fort lumineuse ; que les rochers paraissent en feu, quoique le soleil n’y donne qu’une lumière pâle ; mais que la neige, au contraire, en réfléchit une fort vive. Les nuages dont ces rochers sont environnés vers leur sommet dérobent la vue de leurs cimes.

Quelques-uns de ces rochers ne forment qu’une seule masse de pierre du bas en haut, et ressemblent à des murailles ruinées. Ils exhalent une odeur fort agréable, telle à peu près que celle des prairies au printemps après une pluie douce. La pierre offre des veines rouges, blanches et jaunes comme le marbre : elle sue lorsque le temps change, ce qui colore la neige jusqu’à la rendre rouge quand la pluie fait couler cette teinte de dessus les rochers. Au pied des montagnes, où la neige et la glace n’en ont pas formé d’amas, on trouve de grandes pièces de roche tombées les unes sur les autres, et qui laissent entre elles des ouvertures qui ne permettent point d’en approcher sans péril. Ces masses de pierre sont de couleur grise, avec des veines noires, et reluisent comme la marcassite. Il y croît plusieurs sortes d’herbes aux mois de juin et de juillet, mais en plus grande abondance dans les lieux qui sont à l’abri des vents du nord et de l’est, où l’eau qui découle des montagnes entraîne toujours avec elle de la poussière, de la mousse et de la fiente d’oiseaux. L’extrême élévation de ces montagnes leur donne d’en bas une apparence