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qui se forme la première, ajoute sans cesse à sa hauteur et à ses inégalités. Pendant que nous fûmes embarrassés parmi les Sept-Îles, au nord-est du Spitzberg, nous eûmes souvent occasion d’observer la force irrésistible des grandes masses de glaces flottantes. Nous en avons vu souvent des morceaux de plusieurs acres en carré se former entre deux morceaux beaucoup plus gros ; ces trois morceaux s’accrochaient bientôt et marchaient ensemble ; ceux-ci se joignaient ensuite à d’autres, et formaient peu à peu de petites montagnes : toute la baie aurait été remplie dans un instant de glaces, dont les différentes masses n’auraient pas pu se remuer, si le courant n’avait pris une direction à laquelle nous ne nous attendions point, et n’eût nettoyé la baie.

» Les raffales fréquentes et très-violentes que nous eûmes au mois de septembre m’ont confirmé dans l’opinion où j’étais déjà que nous étions partis d’Angleterre au temps le plus favorable qu’on pût choisir. Ces raffales sont aussi ordinaires au printemps qu’en automne ; il est donc probable que, si nous avions mis à la voile plus tôt, nous aurions eu, en allant, le temps aussi mauvais qu’il l’a été à notre retour. Comme il était absolument nécessaire d’embarquer des provisions et des munitions de réserve, les vaisseaux tiraient tant d’eau, que, dans les raffales violentes, nous aurions été contraints vraisemblablement de jeter à la mer les canots et plusieurs de nos