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crûmes qu’enfin un bon vent qui soufflerait de ce côté suffirait pour nous tirer du danger.

» Le 10, le vent s’élevant au nord-nord-est le matin, nous mîmes toutes les voiles pour que les bâtimens fussent en état de passer à travers un grand nombre de glaçons énormes. Ils éprouvèrent plusieurs fois des chocs très-violens, et un de ces chocs brisa la verge de notre seconde ancre. Sur le midi, nous avions traversé toutes les glaces et nous étions en pleine mer. Je gouvernai au nord-ouest pour découvrir la glace, et je reconnus que la grande masse était dans l’état où nous l’avions laissée. À trois heures du matin le vent souffla de l’est, et nous portâmes à l’ouest entre la terre et la glace, que nous voyions très-distinctement. Le temps était brumeux.

» Le 11, nous mouillâmes dans le port de Smeerenberg, afin de rafraîchir les équipages après tant de fatigues. Nous y trouvâmes quatre des bâtimens hollandais que nous avions laissés derrière nous en allant au nord, et sur lesquels j’avais compté pour nous ramener en Angleterre, en cas que nous fussions obligés d’abandonner les vaisseaux. Dans ce canal, près de la côte, il y a un bon mouillage ; il est à l’abri de tous les vents. L’île près de laquelle nous étions à l’ancre est appelée île Amsterdam ; le promontoire d’Hackluyt forme sa pointe la plus occidentale. C’est ici que les Hollandais avaient coutume autrefois de fondre leur lard de baleine, et l’on y voit encore