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mouvement nous laissait entrevoir, je ne crus pas qu’il fût prudent de cesser de traîner les chaloupes sur la glace.

» Le 9, brume épaisse le matin. Nous vînmes à bout de mouvoir un peu les vaisseaux dans de très-petites ouvertures. Lorsque le temps s’éclaircit, l’après-midi nous fûmes agréablement surpris de voir que le Race-horse et la Carcasse avaient été entraînés à l’ouest beaucoup plus loin que nous ne nous y attendions. Nous fîmes de grands efforts tout le jour ; et nous gagnâmes, à force de travail, un peu de chemin à travers la glace, qui d’ailleurs commençait à fendre et à se rompre. Nous dépassâmes les chaloupes, que l’on continuait de faire glisser à bras ; je les envoyai chercher, et nous les prîmes à bord. Entre trois et quatre heures du matin, le vent souffla de l’ouest, et il tomba de la neige en abondance. L’équipage était trop fatigué ; nous fumes obligés de cesser la manœuvre pendant quelques heures. Le chemin que les vaisseaux avaient parcouru au travers des glaces, était cependant un événement favorable ; le courant qui avait rompu la glace pouvait, en changeant de direction, nous faire perdre en un instant cet avantage, comme il nous l’avait fait gagner. Lorsque nous étions au fond de la baie, et sous la haute terre, nous avions éprouvé le peu d’efficacité du vent d’est ; mais, comme nous nous étions frayé un passage au milieu d’une aussi grande quantité de glaces, notre espoir se ranima, et nous