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efforts imaginables, les chaloupes ne pouvaient pas arriver au bord de l’eau avant le 14 ; et si, à cette époque, les vaisseaux n’avaient point changé de position, j’aurais été blâmable de rester plus long-temps à bord. En attendant, je résolus de conduire les deux entreprises à la fois, de traîner sans cesse les chaloupes, sans omettre aucune occasion d’ouvrir un passage au vaisseau à travers les glaces.

» Le 8, à quatre heures et demie du matin, je chargeai deux pilotes et trois matelots d’aller examiner l’état de la glace à l’ouest, et juger s’il y avait encore quelque espérance de dégager les vaisseaux. Ils revinrent à neuf heures m’annoncer qu’elle était solide et très-dure, et comme partagée en grandes plaines. Entre neuf et dix, je quittai le vaisseau avec l’équipage qui allait traîner la chaloupe : on la tira l’espace de plus de trois milles. Le temps étant brumeux, et nos gens ayant beaucoup travaillé, je crus qu’il était à propos de retourner à bord entre six et sept heures du soir. Sur ces entrefaites, les vaisseaux avaient été entraînés à quelques toises avec la glace à laquelle ils étaient pris, et la masse s’était un peu rompue. À l’ouest, il y eut la nuit un petit vent et une brume épaisse ; de sorte que je ne pus pas juger quel était précisément l’espace que les vaisseaux et les glaces avaient parcouru ; mais la saison était si avancée, la délivrance des vaisseaux si incertaine, et la situation de l’équipage si critique que, malgré la lueur d’espérance que ce