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sauver tout à coup dans les chaloupes. J’envoyai aussi un matelot au nord, et la Carcasse en envoya un autre à l’est, afin qu’en sondant partout où ils trouveraient des crevasses dans la glace, nous fussions avertis du danger avant que les vaisseaux, ou la glace à laquelle ils étaient attachés, prissent fond. Dans ces cas, quelques minutes auraient suffi pour les mettre en pièces ou les couler à fond. Le temps était mauvais ; la plus grande partie du jour fut brumeuse et un peu froide.

» Le 5, le matin, je descendis sur la glace avec la chaloupe, à laquelle on avait mis des patins ; elle glissait plus aisément que je ne l’aurais imaginé, et on la traîna l’espace d’environ deux milles. Nous retournâmes ensuite à bord pour dîner. Trouvant que la glace était un peu plus ouverte près des vaisseaux, je voulus tenter de la faire marcher. Le vent soufflait, mais faiblement. Nous mîmes les voiles dehors, et nous fîmes environ un mille à l’ouest. Ils remuaient, il est vrai, mais très-lentement, et ils n’étaient pas beaucoup plus loin à l’ouest qu’auparavant. Cependant je fis mettre toutes les voiles dehors, afin de forcer le passage, si la glace venait à se rompre. Malgré les fatigues et les peines qu’essuyèrent les équipages en traînant la chaloupe, ils se comportèrent très-bien et sans murmurer ; les matelots semblaient contens de quitter les vaisseaux ; cette idée ne les épouvantait plus, et ils avaient une entière confiance en leurs officiers. En faisant tous les