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pas si ouverte, parce que le temps avait certainement été plus clair cette année qu’il ne l’est ordinairement. En effet, nous ne pouvions pas espérer que, même avec toutes les commodités possibles, une grande partie de nos gens pût survivre aux maux que nous aurions à souffrir dans un pareil hiver ; d’où l’on peut juger du peu d’espoir qui nous restait dans l’état où nous nous trouvions. D’un autre côté, l’entreprise de traîner les canots à une si grande distance sur la glace, et d’y embarquer les deux équipages, ne présentait pas des difficultés moins effrayantes ; et, en restant plus long-temps dans cet endroit, nous nous exposions à y être bientôt surpris par le mauvais temps qui s’approchait. Le temps du séjour des Hollandais dans ces mers n’est pas fixe : si les ports ne sont point embarrassés de glaces, ils y restent jusqu’au commencement de septembre ; mais, lorsque les glaces commencent à flotter, ils les quittent aussitôt. J’assemblai les officiers des deux équipages, et je les informai du dessein ou j’étais de préparer les chaloupes pour nous sauver. Je les fis mettre dehors, ainsi que les canots, et nous prîmes toutes les précautions qui dépendaient de nous pour les renforcer et les rendre plus solides. Ces préparatifs devaient prendre quelques jours. L’eau diminuant, et les vaisseaux dérivant fort vite au nord-est vers les rochers, je fis faire des sacs de toile où chacun pût mettre du pain, en cas que nous fussions obligés de nous