Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient les vaisseaux. Cette circonstance affaiblit considérablement les espérances que nous avions conçues jusqu’alors de pouvoir sortir de la baie au premier vent d’est. Nous étions dans une cruelle alternative ; fallait-il attendre patiemment qu’un bon vent poussât les vaisseaux en pleine mer ? ou bien fallait-il sauver nos équipages dans les canots ? Le Race-horse et la Carcasse avaient dérivé jusque dans un bas-fond, où nous n’avions que quatorze brasses d’eau. Si la glace qui s’était attachée aux vaisseaux venait à prendre fond, ils étaient infailliblement perdus, et il est probable qu’ils auraient chaviré. Nous ne devions pas abandonner trop précipitamment l’espoir de les dégager. Comme nous n’avions point de havre ni de port pour les y retirer, si on les laissait pendant l’hiver dans l’endroit où ils se trouvaient, il n’y avait point d’apparence qu’ils pussent encore servir au printemps. Nous avions trop peu de provisions pour essayer de passer l’hiver dans ces régions ; en supposant, ce qui nous semblait impossible, que nous pussions nous réfugier sur les rochers les plus proches, et y dresser des huttes ou cabanes, nous étions dans des parages qui ne sont pas fréquentés par les navigateurs ; les mêmes difficultés, par conséquent, subsisteraient toujours l’année suivante, sans avoir les mêmes ressources ; le reste des équipages, suivant toute apparence, serait malade à cette époque ; nous n’aurions plus de provisions ; la mer ne serait