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n’y avait aucune probabilité que nous pussions jamais en sortir. On n’apercevait pas un seul endroit où la mer fût ouverte, si ce n’est un petit coin vers la pointe occidentale de la terre nord-est. Les Sept-Îles, la terre nord-est et la mer glacée formaient presque un bassin ; l’on n’y voyait que quatre pointes ouvertes, par où la glace pût s’écouler, si un vent favorable venait par hasard à la rompre.

» Le 3, le temps fut très-beau, clair et calme ; nous remarquâmes que les vaisseaux avaient dérivé fort loin à l’est ; la glace était beaucoup plus dure que les jours précédens, et le passage par où nous étions venus de l’ouest, fermé ; nous ne voyions la mer ouverte d’aucun côté. Les pilotes ayant témoigné le désir de reculer, s’il était possible, les deux équipages se mirent à l’ouvrage à cinq heures du matin pour couper un passage à travers la glace, et touer les deux vaisseaux à l’ouest à travers les deux petites ouvertures. Nous trouvâmes que la glace était très-profonde, et nous en sciâmes quelquefois des pièces qui avaient douze pieds d’épaisseur. Ce travail dura tout le jour, mais sans aucun succès ; malgré tous nos efforts, nous ne remorquâmes pas les bâtimens à plus de neuf cents pieds à l’ouest à travers la glace, et en même temps un courant les avait fait dériver fort loin au nord-est et à l’est, ainsi que la masse de glace à laquelle ils étaient pris : ce même courant avait d’ailleurs chassé de l’ouest, entre les îles, les