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quatre pieds d’épaisseur à une extrémité, et vingt-un pieds à l’autre. Nous eûmes calme la plus grande partie du jour ; le temps fut très-beau ; la glace, qui s’étendait et s’affermissait de plus en plus, entourait de tous côtés les deux bâtimens. On ne découvrit d’ouverture nulle part, excepté un trou d’environ un mille et demi de large. Nous complétâmes nos provisions d’eau : l’équipage joua et s’amusa tout le jour sur la glace. Les pilotes se trouvant beaucoup plus au nord qu’ils n’avaient jamais été, et, la saison s’avançant, ils commencèrent à s’alarmer sur notre situation.

» Le premier août, la glace faisait sans cesse des progrès ; il ne restait pas alors la plus petite ouverture. Le Race-horse et la Carcasse étaient à moins de deux longueurs de vaisseaux l’un de l’autre, séparés par la glace, et n’ayant pas d’espace pour virer. La glace était la veille unie partout, et presque au niveau de la surface de la mer ; mais alors les morceaux s’étaient empilés les uns sur les autres, et formaient en beaucoup d’endroits une espèce de montagne plus haute que la grande vergue. À midi, notre latitude, mesurée par deux observations, était de 80° 17′.

» Le 2, temps pluvieux ; brume épaisse ; vent frais de l’ouest ; les glaces autour du vaisseau étaient un peu plus flottantes que la veille ; mais à chaque instant elles venaient se choquer et s’arrêter contre nos bâtimens ; de sorte que, sans un vent frais de l’est ou du nord-est, il