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plusieurs îles ; ils remarquèrent que la grande masse de glace que nous avions côtoyée de l’ouest à l’est était jointe à ces îles, et que de là elle touchait à ce qu’on appelle la terre nord-est. La glace avait gagné de l’étendue et de la solidité pendant leur voyage ; en revenant, ils furent obligés souvent de traîner leurs canots sur cette glace pour arriver à d’autres ouvertures. Le temps était d’une sérénité et d’une douceur extrêmes ; il est rare de voir un ciel aussi clair. La scène qui s’offrait à nos yeux était très-pittoresque : les deux vaisseaux se trouvaient en calme dans une grande baie : on apercevait, entre les îles qui la formaient, trois ouvertures et quelques courans d’eau. Cette baie était partout entourée de glace, aussi loin que pouvait s’étendre la vue ; il n’y avait pas un souffle d’air ; la mer était parfaitement unie ; la glace était couverte de neige, basse, et partout égale, si l’on en excepte un petit nombre de morceaux brisés près des bords ; les mares d’eau qu’on découvrait au milieu de ces gros morceaux de glace étaient recouvertes aussi d’une glace plus légère et plus récente.

» Le 31, à neuf heures du matin, ayant une petite brise de l’est, nous poussâmes au large pour forcer le passage au travers la glace. À midi, cette glace était si dure et si bien fermée, que, ne pouvant continuer notre route, nous amarrâmes une seconde fois sur la glace. La Carcasse nous suivit, et fut arrêtée par la même masse que nous. Cette glace avait plus de vingt-