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de la grosseur d’une linotte, qui ont le gosier assez fin, mais le chant fort court et sans variété : ils n’ont pas d’autre nom que celui de leur couleur. On donne la préférence à l’oiseau qu’on a nommé blanc, parce qu’il est de cette couleur sous le ventre, quoique cendré sur le dos : c’est une espèce d’ortolan. Le mâle ne cède en rien au rossignol, tandis que la femelle, dont la couleur est plus foncée, ne chante pas même en cage. Cet oiseau mérite aussi le nom d’ortolan pour le goût. On ne sait ce qu’il devient en hiver, mais il est toujours le premier qui se fait voir au printemps, et la neige ne commence pas plus tôt à fondre, qu’il paraît en troupes dans les lieux qu’elle laisse à sec.

Ce n’est qu’à cent lieues de Québec, au sud, qu’on commence à voir des cardinaux. La douceur de leur chant, l’éclat de leur plumage, qui est d’un beau rouge incarnat, avec une petite aigrette sur la tête, en font un des plus beaux oiseaux du monde. On lui donne pour rival en couleur l’oiseau-mouche, qui tire ce nom de sa petitesse. « Ayant appris qu’on avait nourri quelque temps des oiseaux-mouches avec de l’eau, j’en gardai un, dit le P. Charlevoix, pendant vingt-quatre heures : il se laissait prendre et manier ; mais il contrefaisait le mort. Dès que je l’avais lâché, il reprenait son vol, et ne faisait que papillonner sur ma fenêtre. J’en fis présent à un de mes amis, qui le trouva mort le lendemain, apparemment d’une petite gelée qui s’était fait sentir pendant la