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nous aurions à rejoindre, le vaisseau. Depuis que nous l’avions perdu de vue, il nous était impossible de savoir avec certitude par où nous devions le suivre. Le vent était fort impétueux, le temps obscur et chargé de neige. Notre barque était petite et profonde, la plupart de nos gens affaiblis par le scorbut ; en un mot, notre situation, était déplorable. Je m’efforçai d’encourager tous mes compagnons, en leur représentant que le meilleur parti était de remettre en mer pour chercher notre vaisseau, et que nous ne pouvions, sans une folle témérité, nous arrêter sur cette côte affreuse où nous n’avions pas vu la moindre trace d’hommes ni d’animaux, pas le moindre asile, ni même une goutte d’eau douce. On se laissa persuader. Je fis remettre aussitôt en mer, pour écarter les tristes réflexions sur les dangers qui nous menaçaient. Le vent ne fit qu’augmenter ; et la mer étant fort haute, nous prîmes tant d’eau, qu’il fallut travailler sans relâche à vider la chaloupe. Nous fîmes environ douze lieues en cet état. Enfin nous aperçûmes les deux vaisseaux, et nos travaux redoublèrent pour nous rendre à bord. Un moment plus tard, nous perdions toute espérance : à peine fûmes-nous arrivés, que, le vent ayant pris une nouvelle force, la mer s’éleva aux nues, et l’air devint si sombre, qu’on ne découvrait ni les vaisseaux ni la côte. Cet orage, qui venait du sud, nous arrêta dans le Wellcome jusqu’au 19 ; mais