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cause, de cette étrange aventure, nous prîmes le parti de mouiller. À peine fit-il jour, qu’étant descendus à terre, nous montâmes sur des hauteurs qui n’étaient pas éloignées de la côte, et nous découvrîmes avec beaucoup de regret que ce prétendu détroit était terminé par deux petites rivières qui n’étaient pas même navigables, dont l’une venait d’un grand lac situé au sud-ouest, à quelques lieues de nous. Ainsi toutes nos espérances s’évanouirent à la fois, et notre seule consolation fut d’avoir levé tous les doutes sur la nature d’un golfe qui pouvait éterniser les disputes.

» Pendant vingt-quatre heures que nous passâmes sur cette plage, il nous vint plusieurs canots remplis d’Indiens qui nous apportèrent de la chair de bison et de saumon séchée. Nous achetâmes avec ces provisions plusieurs de leurs habits et de leurs arcs. Mais en vain nous efforçâmes-nous par nos signes de tirer d’eux quelque instruction sur la mine de cuivre et sur l’existence d’un autre océan du côté de l’ouest. Je leur traçai un dessin de la côte auquel ils ne comprirent rien, non plus qu’à nos questions. Il y avait entre eux un homme d’assez bonne mine, qui, sans être différemment vêtu, paraissait d’une nation différente, jusqu’à nous faire juger que les autres ne l’avaient amené que pour lui donner la satisfaction de nous voir. Moore s’imagina que ce pouvait être quelque prisonnier tombé entre les mains de ces sauvages ; et, faisant réflexion à l’envie ex-