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nous parurent un peu timides, et nous étions vraisemblablement les premiers Européens qu’ils eussent vus ; mais, encouragés par nos caresses, ils entrèrent en commerce avec nous. On leur fit entendre que nous avions besoin de gibier, qu’ils appellent tekto dans leur langue : ils retournèrent promptement à la côte, d’où nous les vîmes revenir avec une bonne provision de diverses sortes de viandes séchées au feu, et quelques pièces fraîches de chair de bison. Nous eûmes à bon marché tout ce qu’ils avaient apporté.

» Le second jour d’août, nous passâmes la cataracte, au-dessus de laquelle la marée ne montait que de quatre pieds. Les deux côtés étaient fort escarpés, et nous ne trouvâmes point de fond avec une sonde de cent quarante brasses. On vit des baleines blanches et des morses. Mais nos gens n’en furent pas moins découragés par le goût de l’eau qui était presque douce. Pour moi, toujours persuadé que cette douceur n’était qu’à la surface, j’entrepris d’en convaincre tout le monde par une expérience fort simple. Une bouteille que je fis boucher soigneusement fut plongée à la profondeur de trente brasses, où, le plongeur ayant arraché le bouchon, elle se remplit d’eau, que nous trouvâmes aussi salée que celle de l’Océan atlantique, et nos espérances se ranimèrent. Mais ces flatteuses idées durèrent peu. Le 3, vers la nuit, les eaux tombèrent si subitement, que, pour découvrir le lendemain la