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Ils ne purent y entrer que le 29. Ce qu’on nomme le détroit de Wager est situé, par cette dernière observation, à 65° 33′ de latitude, et 88° de longitude de Londres. À son entrée il a au nord le cap de Montaigu, et au sud le cap de Dobbs : sa partie la plus étroite est à cinq lieues ouest de ce dernier cap, et n’a pas moins de cinq lieues de large. Le courant de la marée y a toute l’impétuosité des eaux d’une écluse. Ellis assure que celui des hautes marées parcourt huit à neuf lieues dans une heure. « Quand nous fûmes arrivés, dit-il, à ce dangereux endroit, nous ne fûmes plus maître de nos vaisseaux, et le courant fit faire quatre ou cinq tours à la Californie, malgré les efforts de l’équipage pour l’arrêter. On fut étonné de l’agitation de la mer ; elle bouillonne, elle forme des tourbillons avec autant d’écume qu’un amas de torrens rompus par quantité de rochers ; ce qui ne paraît venir néanmoins que de ce que le canal est ici fort étroit à proportion de la masse énorme d’eau qu’il reçoit. Quantité de gros glaçons venant du Wellcome y entrèrent avec nous, et quoique nous fussions déjà fort avancés, ils furent tantôt poussés bien loin devant nous, tantôt rejetés en arrière par l’action irrégulière des courans. Nous passâmes environ trois heures dans cette violente situation ; mais ayant enfin passé l’anse Savage, où le canal devient plus large et la marée plus rapide, nous nous y trouvâmes plus à l’aise. Cette anse est formée