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traire. Il est vrai que le changement de l’eau salée en eau douce paraît faire conclure, à la première vue, contre le passage ; mais si par hasard cette eau n’avait été douce qu’à sa surface, cette conclusion aurait peu de force, puisqu’on était alors dans la saison des fontes des neiges, dont les eaux découlaient de toutes les parties des terres ; et que par conséquent il n’était pas plus étrange de trouver la surface de la mer adoucie qu’il ne l’est de voir la même chose, après les mois pluvieux, dans la mer Baltique et sur les côtés occidentales d’Afrique. Enfin, quoiqu’il soit certain que le courant de la marée venant de l’ouest est une preuve directe et incontestable de la réalité d’un passage à quelque autre océan, il ne s’ensuit pas que le courant venant de l’est soit une preuve du contraire, puisqu’on sait que, dans le détroit de Magellan, les marées des deux océans se rencontrent de même. D’ailleurs de fortes raisons font prévoir que la même chose doit arriver, si l’on parvient jamais à la découverte d’un passage au nord-ouest. »

Les deux vaisseaux se trouvaient si proches du détroit de Wager, qu’avec la certitude qu’on avait d’un autre côté que, dans le Wellcome, la marée ordinaire vient du nord, les deux capitaines se crurent obligés de faire toutes les recherches possibles sur ce détroit ; c’est-à-dire, de vérifier si c’est en effet un détroit, ou si ce n’est qu’une rivière d’eau douce.