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Ellis remarqua aussi plusieurs lits de sable couverts d’une herbe de fort bon goût, qui ressemble à du mouron, et d’une grande quantité de cochléaria un peu différent pour la forme, et d’un goût plus piquant que le nôtre. Il vit aussi plusieurs troupes de bêtes fauves qui broutaient sur les collines. À son retour, il observa dans le passage que l’eau était extrêmement trouble, chargée de ce que les marins nomment pâture de baleines, et de petites parties d’une espèce de gelée noire, à peu près de la grosseur de nos plus fortes mouches. L’algue marine est ici d’une prodigieuse longueur. Ellis croit ces remarques d’autant plus singulières que , dans un climat si rigoureux, on voit peu de végétaux sur les côtes.

Lorsqu’il fut rentré à bord, on mit à la voile pour chercher les deux chaloupes, sans lesquelles on ne pouvait espérer de pousser plus loin les découvertes. La saison commençait à s’avancer ; et depuis trois jours de séparation, les deux vaisseaux ne s’étaient pas encore rejoints. Cependant ils se rencontrèrent le lendemain. Le conseil, après une longue délibération, résolut alors que les chaloupes ne seraient attendues que jusqu’au 28, et que dans l’intervalle l’un des deux vaisseaux ferait route au sud jusqu’au 64° et l’autre au nord jusqu’au 65. Entre diverses mesures qu’on prit pour retrouver les chaloupes, les pinasses des deux vaisseaux furent dépêchées, avec ordre d’élever au cap Fry une perche au