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levèrent l’ancre le 14, et la route fut dirigée vers le nord. Tout le jour suivant on eut à traverser des glaçons épais, qui, fermant enfin le passage, obligèrent les Anglais de s’amarrer aux plus gros. La mer fut libre le 16 ; mais on se vit bientôt arrêté par quantité de rochers et de sables, qui s’étendent fort loin en mer, et que la marée laisse à sec. Les glaces étant revenues le 18, on fut réduit à louvoyer avec beaucoup de difficulté, quoique avec l’apparence de retrouver plus facilement par cette voie les deux chaloupes, pour lesquelles on n’était pas sans inquiétude. Les deux vaisseaux se séparèrent même pour les chercher.

Ellis s’approcha de terre dans la pinasse par le 64° de latitude, sous un cap auquel il donna le nom de cap Fry, à l’honneur du chevalier Fry, un des chefs du comité. Dans son passage il rencontra un grand nombre de baleines qui se débattaient contre la côte ; ce qui ne l’empêcha point de faire sonder la marée. Il trouva que le flux venait du nord, et qu’il montait sur la côte environ dix pieds. La côte est d’une pente douce ; mais elle s’élève beaucoup. À quelque distance, les collines paraissaient rougeâtres et fort unies, mais absolument stériles. Dans les vallées, le terrain est noirâtre, et produit une herbe assez longue, mêlée de quelques plantes, dont les unes portent des fleurs jaunes, d’autres des fleurs bleues et rouges, surtout une sorte de vesce, qui croît en abondance sur le bord des étangs.