Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’est ; et le 9 juillet nous mouillâmes devant l’île des Morses, ainsi nommée de la multitude de ces animaux qu’on y rencontre toujours. Comme c’est la plus orientale de celles dont nous nous étions approchés, et la moins visitée des sauvages, parce qu’elle est la plus écartée de leurs routes, il ne faut pas chercher d’autre cause de ce prodigieux nombre de morses, qui s’assemblent dans un lieu si désert pour y faire leurs petits. La même raison sans doute y amène d’immenses volées d’oiseaux de mer.

» Le 10, nous rasâmes la côte entre quantité de gros glaçons qui flottaient autour de nous, et nous arrivâmes à Whale-Cove par le 62° 30′ de latitude. Une baie que nous découvrîmes à l’ouest nous offrit plusieurs petites îles, d’où nous vîmes bientôt venir vers nous quelques sauvages. Nous observâmes que l’abondance de la pêche leur faisait choisir ordinairement les îles les plus désertes, pour y fixer leur demeure pendant l’été. Le capitaine ayant souhaité de descendre dans une des îles, je l’accompagnai avec deux hommes dans une petite chaloupe qui ne nous servait qu’à cet usage. À peine fûmes-nous à terre, que nous nous vîmes environnés d’une vingtaine d’Esquimaux, presque tous femmes ou enfans, qui se promenaient paisiblement sur la côte pendant que les hommes étaient à la pêche. Le dessein du capitaine était de monter sur les hauteurs de l’île, pour y découvrir de cette élévation quelque nouvelle ouverture : les Esquimaux n’y mirent au-