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baleine comme celles des autres Esquimaux. Les bonnets diffèrent aussi pour les deux sexes : ils sont composés d’une peau de queue de buffle, qui leur pend sur le visage, et qui leur donne réellement un aspect terrible, mais qui leur est d’une extrême utilité contre diverses sortes de mouches dont ils ne peuvent se garantir autrement. Cette coiffure qu’on voit à leurs enfans mêmes, pendant que leurs mères les portent sur le dos, donne l’air barbare aux plus doux et aux plus pacifiques de tous les humains. Lorsqu’ils se mettent en mer pour la pêche, ils emportent avec eux, dans leur canot, une vessie pleine d’huile, dont ils boivent par intervalles, avec autant de délices que nos marins boivent de l’eau-de-vie. Nous avons quelquefois vu qu’après avoir vidé leur vessie, ils la tiraient voluptueusement entre leurs lèvres. C’est apparemment l’expérience qui leur a fait reconnaître les effets salutaires de cette huile dans un climat qui n’est jamais sans rigueur. On s’est persuadé en Europe que ces peuples vivent sous terre pendant l’hiver ; mais c’est une tradition absolument fausse, et démentie par tous ceux qui ont visité leur pays. La plus grande partie n’est qu’une chaîne de rochers ; et, quand le terrain de quelques vallées aurait assez de profondeur, il est constamment gelé, aussi dur que le rocher même, et peu propre par conséquent aux habitations souterraines.

» Après avoir reconnu que nous devions la vie aux Esquimaux, nous gouvernâmes vers