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cinq ou six canots, qui s’approchèrent de nous avec des côtes de baleine. Ils parurent fort touchés de notre malheur ; et loin d’en tirer le moindre avantage, ils nous rendirent d’importans services. Non-seulement ils ne s’éloignèrent point jusqu’à ce que la marée nous eût remis à flot, mais un vieillard qui paraissait connaître ces écueils, se mit devant nous avec son canot, et nous servit de guide sur tous les bas-fonds. Ainsi tout ce qu’on lit du caractère de ces peuples dans les relations françaises, et dans quelques-unes des nôtres, ne s’accorde point avec le témoignage que nous sommes obligés de rendre à leur humanité.

» Nous n’eûmes pas moins d’admiration pour leur industrie. Au défaut de fer, leurs arcs, leurs flèches et leurs harpons sont garnis de dents, d’os ou de cornes d’animaux marins, dont ils se font même des haches, des couteaux et d’autres ustensiles. On aurait peine à se figurer avec quelle adresse ils savent tirer parti de matériaux si peu convenables à ces usages. Leurs aiguilles sont de la même matière ; elles servent à coudre fort proprement leurs habits, qui ne diffèrent point de ceux des habitans de la baie d’Hudson. Cette ressemblance, et celle de leurs langues et de leurs usages, peuvent faire conclure qu’ils sont originairement d’une même nation ; mais ceux dont je parle sont généralement plus industrieux, plus affables et mieux policés. Leurs femmes ne garnissent point leurs bottines de fanons de