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jours tantôt extrêmement, chauds, tantôt aussi froids qu’en hiver. La neige fondit partout où le soleil faisait tomber ses rayons, et vers la fin du mois l’herbe commençait à pousser dans les lieux exposés au sud. Insensiblement les rivières et les plaines se couvrirent d’eau, et l’on craignit à la fin que, les glaces se rompant tout d’un coup, l’anse même ne mît pas les vaisseaux bien à couvert. Ellis donne l’explication de ce danger. Lorsque les chaleurs devancent la saison dans les pays qui bordent la baie d’Hudson, les neiges fondent dans les parties méridionales ; et les eaux, formant des torrens rapides, rompent les glaces avant qu’elle soient entièrement amollies. Ces flots s’écoulent jusqu’à ce qu’ils rencontrent quelque résistance qui soit capable de les arrêter ; mais, s’accumulant bientôt, ils rompent tout obstacle par leur poids ; ils inondent les terres voisines, ils emportent les arbres, les rivages même, et tout ce qui s’oppose à leur violence. C’est ce qu’on nomme un déluge, et ce qui rend fort dangereux pour un vaisseau tous les mouillages d’hiver qui ont un courant. Mais le mois d’avril s’annonça d’une manière qui délivra les Anglais de cette crainte. Le vent se mit peu à peu au nord-est, et leur amena, avec beaucoup de neige et de grêle, une assez forte gelée. Ensuite, l’air s’étant fort adouci le 18, ils eurent une pluie douce, d’autant plus agréable qu’ils n’en avaient pas eu depuis six mois. Les oiseaux du pays reparurent avec quantité