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recherches près de la côte, dans une mer orageuse, par des temps variables et des brouillards fort épais, entre des glaces, des terres entrecoupées, des îles, des rochers et des bancs de sable, sans connaître les ports, les marées, les courans, ni la direction des côtes. On s’exposait infiniment moins avec une petite embarcation qui pouvait raser partout la côte, du moins à peu de distance, et qui ne risquait rien à s’engager entre les rochers, ni à passer par les bancs de sable, où des vaisseaux d’une certaine profondeur étaient dans un péril continuel de se perdre. D’ailleurs, en supposant la chaloupe échouée, on était sûr de pouvoir la mettre à flot ; et quand elle serait venue à périr, le vaisseau était toujours une retraite certaine pour l’équipage. Ellis assure que cette seule idée de connaître une ressource dans le besoin, augmenta le courage des Anglais, et leur donna même une espèce de témérité dans tous les dangers. La chaloupe devint si précieuse, qu’on résolut aussitôt de la tirer à terre, sur le bord de l’anse, et de bâtir au-dessus une cabane, qui fut couverte de voiles avec un foyer au centre, pour la conserver en état de recevoir un pont au retour du printemps. Cette occupation dura sans relâche pendant trois ou quatre mois qu’on eut encore à passer dans les souffrances.

Le mois de mars donna successivement tous les temps qui sont propres au pays dans le cours de l’année ; c’est-à-dire qu’on eut des