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cet énorme froid ne se fait sentir que quatre ou cinq jours par mois. C’est toujours au temps de la nouvelle et de la pleine lune, qui a généralement une forte influence sur le temps dans cette contrée. Les tempêtes y sont alors effroyables, surtout avec le vent du nord-ouest, qui règne assez ordinairement en été, mais presque sans cesse en hiver. Avec les autres vents, quoique les gelées soient aussi très-fortes, il fait souvent beau ; et comme ils varient beaucoup, l’air est presque toujours assez tempéré pour la promenade et pour la chasse. Les équipages commencèrent vers la fin de décembre à tirer des deux vaisseaux diverses provisions dont ils avaient fait peu d’usage au commencement de l’hiver. Ils se servaient, pour les transporter sur de petits traîneaux, des chiens du pays, qui ressemblent assez à nos mâtins, mais qui n’aboient jamais, et qui ne font que gronder lorsqu’on les irrite. Ils sont naturellement dociles. Les Anglais, qui en tirent beaucoup d’utilité, les nourrissent comme leurs domestiques.

Les fatigues de l’hiver ne diminuant point l’attention des Anglais pour leur entreprise, ils tinrent, avant la fin de décembre, un grand conseil, où l’on proposa d’élever et de garnir d’un pont la chaloupe, pour l’employer à la découverte. Cette ouverture fut applaudie. Il parut même étonnant que, dans les anciens voyages, on n’eût pas conçu qu’il était trop dangereux de faire avec les vaisseaux des