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» La chasse des lapins et des perdrix étant notre principale ressource, tout le monde s’employait à cet exercice. Pour celle des lapins, on coupa quantité d’arbrisseaux et de buissons dont on fit des haies de deux pieds de haut, en laissant de distance en distance de petits trous pour leur passage : on mit dans chaque trou un fil d’archal, dont le bout était attachée à l’extrémité d’une longue perche ; de sorte que le lapin qui se prenait dans le trou ne commençait pas plus tôt à se débattre, que la perche s’élevait et le soutenait étranglé à deux ou trois pieds de terre. Cette méthode était d’un double avantage ; non-seulement elle nous fournissait beaucoup de gibier, mais elle le garantissait aussi de divers animaux qui nous l’auraient enlevé. »

Les fortes gelées avaient commencé avec le mois de novembre : elles continuèrent jusqu’à la fin du mois, avec cette différence qu’elles étaient plus ou moins vives, suivant les variations du vent. Le vent d’ouest ou du sud les rendait assez supportables ; mais elles devenaient terribles lorsqu’il tournait au nord-ouest ou au nord. Souvent elles étaient accompagnées d’une espèce de neige aussi menue que du sable, que le vent emportait en forme de nuée d’une plaine à l’autre. Il est dangereux de s’y trouver exposé, parce qu’elle est ordinairement d’une épaisseur qui ne permet de rien voir à vingt pas. Elle ne laisse pas non plus la moindre trace de chemin. Cependant Ellis avoue que