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l’encre qui gelait au coin du feu, et la bière, qu’on avait réservée en bouteilles, se trouva gelée en masse, solide, quoiqu’elle fût enveloppée d’étoupes et tenue dans un lieu fort chaud. Le 6 on sentit un froid insupportable. Alors les équipages furent distribués dans les cabanes, et les officiers prirent possession de leur édifice. Il fut baptisé, à la manière des marins, sous le nom d’Hôtel de Montaigu. On crut devoir cet honneur au duc de ce nom, qui s’était vivement intéressé au succès de l’entreprise.

» Nous commençâmes, raconte Ellis, à prendre nos habillemens d’hiver. C’était une robe de peau de castor, qui allait jusqu’aux talons, avec une fourrure en dedans, deux vestes dessous, un bonnet et des mitaines de la même peau, doublés de flanelle, une paire de bas esquimaux par-dessus les nôtres, c’est-à-dire, de peau et montant jusqu’au milieu de la cuisse, avec des souliers de peau d’élan préparée, dans lesquels nous portions encore deux ou trois paires de gros chaussons. Une paire de souliers à neige rendait cet habillement complet : ils ont environ cinq pieds de long sur un pied de large. C’est proprement la mode des Indiens du pays, qui l’ont communiquée aux Anglais ; et rien n’est effectivement plus propre à les garantir de la rigueur du climat. À l’exception d’un petit nombre de jours, nous pouvions tenir tête, avec cette défense, au plus grand froid de l’hiver.