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Le 8 juillet, les deux vaisseaux touchèrent aux îles de la Résolution. Un brouillard épais, qui leur en avait dérobé la vue, les aurait exposés à se briser sur la côte, si le temps ne s’était éclairci. Ils passèrent aux îles Savage, où ils virent paraître pour la première fois des petits canots remplis d’Esquimaux. Le 13 ils rencontrèrent quantité de glaces de cinq à dix brasses d’épaisseur, qu’ils ne passèrent point sans danger, du moins celles qui étaient serrées les unes contre les autres ; sur quoi l’on observe que rien n’est en effet si dangereux que de choquer avec beaucoup de force contre un grand glaçon, qui, lorsqu’il n’est pas brisé par le choc, fait le même effet que le contre-coup d’un rocher. Aussi les navires destinées aux mers glaciales sont extrêmement forts en bois, surtout de l’avant ; et cette précaution même ne suffit pas toujours pour les garantir. Il est fort aisé de s’apercevoir de l’approche de ces glaces : la température de l’air change dans l’instant ; c’est-à-dire que, de chaud qu’il était, il devient extrêmement froid. D’ailleurs elles s’annoncent ordinairement par des brouillards très-épais, mais si bas, que souvent ils ne s’élèvent pas au-dessus des mâts du vaisseau. Il est ordinaire aussi de voir la glace élevée par la réfraction de l’air de six degrés pour le moins au-dessus de l’horizon ; ce qui la fait découvrir de fort loin. On est quelquefois obligé de s’amarrer aux gros glaçons pour se dégager des petits, qui cèdent plutôt aux vents et aux cou-