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glaces plus minces, à la distance de plusieurs centaines de lieues, et que, le pays étant d’ailleurs couvert de neige pendant toute l’année, l’eau y est presque toujours extrêmement froide dans le cours des mois d’été. Les glaces plus minces, qui remplissent presque entièrement les détroits et les baies, et qui hors de là couvrent l’Océan, le long de la côte, jusqu’à plusieurs lieues, ont de quatre à dix brasses d’épaisseur, et refroidissent tellement l’air, qu’il se fait un accroissement continuel aux montagnes de glace, par l’eau de la mer qui ne cesse point de les arroser, et par les brouillards humides, qui, ne discontinuant presque point, tombent en forme de petite pluie, et se congèlent en tombant sur la glace. Ces montagnes ayant beaucoup plus de profondeur dans l’eau que de hauteur sur la surface de la mer, la force des vents ne peut avoir beaucoup d’effet pour les mouvoir ; quoique soufflant du nord-ouest pendant neuf mois de l’année, il les pousse vers un climat plus chaud. Leur mouvement est si lent, qu’il leur faut des siècles entiers pour faire cinq ou six cents lieues vers le sud. Elles ne peuvent donc se dissoudre que lorsqu’elles sont arrivées vers le 50°. de latitude, où elles s’élèvent peu à peu, en devenant plus légères, à mesure que le soleil consume et fait évaporer la partie exposée à ses rayons. Égède ne les croit que des morceaux de glace de la côte, qui tombent dans la mer, et qui s’y accumulent par degrés.